Faire fonctionner l’odorat est important pour les petits et les grands. Mais aussi pour les personnes âgées !
Dans cet article notre membre Elisabeth DADOLE nous fait part de son expérience récente d’animation olfactive en UVP (unité de Vie protégée) à l’Ehpad de Saint Etienne avec des résidents ayant des troubles cognitifs (ou autres) plus ou moins marqués.
Voici son témoignage :
« Mon but était de les emmener en voyage « olfactif » au Maroc, avec, essentiellement, rose et menthe.
Je débute par une explication du voyage proposé : le Maroc avec une carte pour situer la vallée des Roses et des photos.
Activité Rose. Je leur ai parfumé les mains avec de l’eau de rose. Idée sympathique car ce produit odorant est délicat, sans risque, et ils le connaissent tous : d’où un accueil rassurant. Elle a plu aux femmes et aux hommes : quelques-uns ont évoqué leur jardin, d’autres juste heureux de sentir.
Facile à partager avec ceux restés en dehors de l’activité : un trait d’union entre tous.
Avec la chaleur c’était aussi très agréable ce côté aqueux et parfumé sur les mains. Sentir ses mains : plus ou moins facile, et j’ai l’impression que ça leur permettait aussi de « rouvrir » leurs mains, les amener au nez, refaire ce mouvement simple de se sentir et sentir bon. Je crois que c’est une bonne idée .. à approfondir.
Nous avons aussi senti des petits pots avec des fleurs.
Activité Menthe. Comme il faisait chaud, nous leur avons proposé à boire du sirop de menthe : frais.
Je leur ai donné une feuille de menthe fraiche pour la toucher, la froisser, la sentir…… Ont-ils fait le lien avec le sirop ? je ne sais pas. Pas grave. Cette plante connue évoque beaucoup : c’est bien.
Nous avons essayé de les faire dessiner. D’où une grande feuille de papier et une feuille de menthe, ou un brin. Odeur – plante -dessin en association : pourquoi pas ?
Oui c’était génial !
Une dame au lieu de dessiner s’est mise à écrire, non-stop, sur la feuille, sur le dos de mon calepin, au milieu. Tous les supports étaient OK pour s’exprimer.
Un autre a dessiné toute la plante : feuilles opposées et tige ! Très chouette le résultat et il était tout heureux de le faire.
Pour un autre, je lui posais une feuille de menthe sur la feuille. Il me prenait le poignet pour que je l’aide. Il dessinait le contour de la feuille, et je faisais les nervures. Il adorait. On a fait un bouquet de feuilles de menthe : très interactif. Il ne parlait pas avec les mots, mais sa gestuelle, ses expressions heureuses du visage disaient tout. Très très beau moment. Surtout qu’au début il ne venait pas avec nous.
D’autres ne dessinaient pas mais regardaient. Oui, à retenir, car ils étaient aussi actifs à ce moment-là.
Au bilan : je pense que je suis allée trop vite de peur qu’ils s’ennuient : apprendre à donner plus de temps à chacun, les laisser venir. Faire circuler les photos, que chacun les prenne en main, s’y arrête dessus. Oui, donner du temps, prendre le temps de faire doucement. (Ceci me change du rythme d’entreprise !). Rester toujours ouvert à l’inattendu qui nous apprend tant.
Ce type d’activité demande de donner beaucoup d’énergie mais nous donne une chance de toujours recevoir beaucoup d’eux.
Faire dessiner avec un support simple qui sent est une bonne idée, à voir les expressions de plaisir …
Utiliser les eaux florales : à approfondir…
Sentir- goûter joue sur l’attitude aussi. C’est une communication douce avec des personnes que la maladie peut rendre « violente », hélas. C’était le cas d’un monsieur. Il était intéressé, voulait sentir toucher et, au moins, on pouvait l’intégrer un peu dans le groupe.
Si vous avez des idées pour proposer des facettes où ils sont actifs et intégrables à ces activités, je suis preneuse. »
Elisabeth Dadole


