Intégrer l’éveil olfactif pour favoriser le développement du goût et les apprentissages

Comment conduire l’éveil et l’éducation olfactifs en crèche à l’école maternelle ?

Une co-construction avec les enseignants et les parents

L’éducation olfactive en maternelle doit se faire non seulement en direction des enfants, mais aussi des enseignants et des parents. En effet, les capacités olfactives des enfants peuvent surprendre les adultes qui en ont oublié la puissance. L’action de Nez en Herbe aura donc deux facettes : d’une part apporter directement une information scientifique et pratique aux enseignants et aux parents et, d’autre part, co-construire avec eux des jeux et exercices d’initiation olfactive.

L’olfaction commence chez les tout-petits, pour favoriser la découverte de l’odorat et du goût


Nous proposons une approche en trois parties auprès des enfants

Prendre conscience que l’odorat peut être sollicité pour reconnaître un objet (cette première étape étant réalisable avec les enfants, dès la crèche). C’est la première phase de l’éveil olfactif et de la constitution des repères sensoriels.

Associer le langage aux odeurs. Faute d’avoir exercé nos compétences olfactives, (cette phase ayant été négligée dans notre éducation), on se retrouve, adulte, à ne savoir exprimer notre ressenti que par « cette odeur me dit quelque chose ».

Prendre conscience de la sensation olfactive dans le goût.


Découvrir son sens olfactif

Pour la première séquence, plusieurs sortes de jeux pourront être proposés aux enfants, avec, comme base, des produits alimentaires de saison. On présente tout d’abord un fruit (par exemple la fraise) que l’on fait sentir. Dans un deuxième temps, ce fruit est caché dans une boule à thé, présentée avec d’autres boules renfermant un autre fruit ou une herbe aromatique. On demande alors à l’enfant de distinguer la boule contenant le fruit de référence. Après cet entraînement à utiliser l’odorat, et à sentir plusieurs parfums (fruits, légumes, herbes aromatiques), on peut proposer à l’enfant de les reconnaître uniquement à l’odeur et de les nommer.

Lier l’odorat au langage

Pour aborder le langage liè à l’olfaction, la première étape part de la séquence précédente : on nomme « l’odeur de la fraise ». Et on progresse : cette odeur ressemble-t-elle à celle de l’ananas ? (les deux fruits partageant les même produits odorants). Puis, avec la question : « à quoi cette odeur vous fait-elle penser ? », on aborde une propriété de l’odorat, qui est de pouvoir raviver des souvenirs. Cela permet d’aller au-delà d’un simple « cela me plaît / cela ne me plaît pas ». La porte est alors ouverte à des descriptions voire à des représentations graphiques (dessins, peintures, collages), c’est-à-dire à la constitution d’un référentiel olfactif à la fois personnel et partageable (commun).

Une approche au travers de contes olfactifs où il est question de héros, d’une héroïne, d’un pays… pourra être employée pour favoriser une ouverture sur l’expression orale et artistique.

Lier l’odorat au goût

Concernant le goût, l’expérience la plus démonstrative est de faire déguster un aliment avec les yeux bandés et le nez bouché. Surprise, on est incapable (même adulte) de savoir ce qu’on a en bouche. Mais dès qu’on débouche le nez, les arômes remontent par l’arrière gorge vers les fosses nasales et l’on est tout surpris d’identifier le produit. L’odorat étant une composante essentielle de la perception gustative, cela permet d’attirer l’attention sur l’importance de prendre le temps de déguster quand on mange pour apprécier les mets.

Il est bien sûr nécessaire de répéter ces activités pour que les enfants deviennent familiers des gestes et comportements de base (sentir, puis se recueillir pour solliciter sa mémoire, et enfin nommer), et soient en mesure d’accéder au niveau suivant, celui qui est le plus négligé dans notre culture : s’exprimer à partir d’un stimulus olfactif.